28/05/2025
Des philosophes de terrain au service des communs
Assurément une journée, où les organisations et les individus sont en ébullition, sublimés dans un dialogue fécond, où le réel (Solenn) nous oblige (tout·e·s) à bouger les chaises. Littéralement.
Assurément une journée, où les mots, concepts et notions, circulent autrement… Et c’est peut-être cela, d’ailleurs, la philosophie du terrain : créer les conditions d’un dialogue et laisser advenir ce qui compte.
Concrètement, une journée où une dizaine d’étudiants ont, dans un lieu lumineux, partagé leur compréhension sur des enjeux qui nous concernent tous : #éthique & #responsabilité, #démocratie, #écologie, #numérique… Et, de manière sous-jacente, pris des chemins de traverse : #outofthebox, #sensautravail, #collaboration, #futuredutravail, #communication, #espritcritique.
Concrètement aussi, une journée où se sont déroulées quatre soutenances d’étudiants du Master professionnel de philosophie (ETHIRES) de l’université Panthéon-Sorbonne :
- La raison d’être de l’entreprise à mission : un modèle dans une perspective d’engagement pour les enjeux contemporains de durabilité ?
- Penser le renouveau démocratique dans les tiers-lieux.
- Se saisir politiquement de l’écologie.
- Jusqu’où doit aller l’implication du scientifique dans les prises de décisions politiques ?
Ce qui s’est joué tout au long de cette journée, ce n’est pas tant la validation de travaux d’étudiants que la mise en tension d’un monde — circonscrit ici à la France métropolitaine — qui cherche à faire sens. À tenir ensemble les contradictions. À habiter les paradoxes. À porter attention aux termes et aux postures, pour un futur commun.
Faire lieu pour faire lien
Qu’est-ce qu’un lieu qui fait société ?
Entreprises à mission comme Quali Consult, tiers-lieux comme La Maison des Conversations (Paris 18ᵉ), l’Union Nationale des CPIE (Paris 3ᵉ), ou encore le Campus Cyber et son Studio des Communs (Paris La Défense)… Tous cherchent, à leur manière, à relier. À travers l’écologie, la démocratie, le numérique ou d’autres causes encore, un mot revient sans cesse : l’engagement. Mais lequel ? Comment ? Jusqu’où ?
On parle de gouvernance horizontale, d’appropriation, de co-construction… Et déjà surgit la question du pouvoir. Peut-on accueillir la diversité sans s’y dissoudre ? Peut-on gouverner sans reproduire ? Peut-on inclure sans étiqueter ?
Et surtout : peut-on faire commun sans masquer ce qui nous divise ?
Des tensions fécondes
Dans cette recherche, les tensions sont partout :
- Entre singularité et modélisation dans les tiers-lieux
- Entre neutralité et militantisme chez les CPIE
- Entre savant et expert parmi les scientifiques
- Entre utopie numérique et contrôle étatique
Mais au lieu d’aplanir les tensions, cette journée les a laissées vivre.
À l’heure où tout doit être “efficace”, “résilient” ou “scalable”, il y avait ici un temps pour le questionnement, l’épaisseur, l’irrésolu. Un espace où la parole prenait le risque de la nuance.
Faire commun, au présent
Au fond, cette journée posait une question qui en contenait mille autres :
Comment faire commun ?
Pas “comment fusionner”, ni “comment s’aligner” — mais comment cohabiter, dans nos différences, nos résistances, nos désirs ? Comment construire – ensemble – sans se ressembler ? Comment se positionner sans s’imposer ?
Et à travers cette journée, c’est aussi l’esprit d’Eklore qui s’est incarné.
Non pas fournir des réponses, mais ouvrir des espaces. Offrir un langage où l’intériorité rencontre l’engagement. Où la pensée s’éprouve dans les têtes, les cœurs et les corps.
Par Valérie Vajou